Former, sensibiliser, innover : l’Année de la mer accélère l’engagement de l’Académie de Montpellier

Avec 4 départements littoraux, 220 km de côtes et un fort dynamisme maritime, l’académie de Montpellier est au cœur des enjeux liés à la mer. Sophie Béjean, rectrice de la région académique Occitanie, revient sur le lancement de l’Académie de la mer, en octobre 2024.

Pourquoi avoir lancé l’Académie de la mer ?

Au-delà de la richesse de ses territoires, l’Occitanie bénéficie de traditions maritimes fortement ancrées. Pourtant, les métiers liés à la mer, les enjeux de protection du littoral, de protection des océans, etc. n’étaient pas vraiment mis en avant alors même que les activités éducatives, de la maternelle à l’enseignement supérieur, sont nombreuses.

C’est en partie pour cela qu’est né le projet Académie de la mer. Pleinement insérée dans le Plan Littoral 21, elle est le gage de partenariats solides entre les académies, la Direction Interrégionale de la Mer Méditerranée et le conseil régional Occitanie Pyrénées-Méditerranée pour permettre une synergie entre tous les acteurs du monde maritime et de l’économie bleue ; elle promeut en outre l’idée selon laquelle les ressources maritimes sont riches en opportunités économiques et doivent être exploitées de manière responsable.

Quatre objectifs nous motivent au long de ce projet ambitieux :

  • sensibiliser, éduquer, approfondir les connaissances du secteur maritime ;
  • former les futurs professionnels ;
  • promouvoir l’accès à l’emploi et le développement de l’économie bleue ;
  • promouvoir les activités sportives, récréatives et éducatives liées à la mer.

Comment les jeunes seront-ils impliqués concrètement dans cette académie de la Mer ?

Effectivement, c'est un véritable enjeu ! À mon arrivée dans l’académie en 2020, l’une des premières actions emblématiques a été de mettre en place un brevet d’initiation à la mer – sur le même modèle du brevet d’initiation à l’aéronautique qui existait déjà.

L’objectif de ce BIMer est de faire connaître la diversité des métiers, le potentiel d'emploi, y compris lié à la protection du littoral ou à l'implantation de l'éolien en mer, etc. Ce ne sont pas que les métiers liés à la navigation, à la pêche et au nautisme ! 

Dans un contexte où certains secteurs peinent à recruter, ce projet s’inscrit dans notre stratégie pour l’éducation et la formation des jeunes, tout en les sensibilisant aux enjeux environnementaux.

Vous avez également mentionné la nécessité de rapprocher les formations et les entreprises. Comment cela se traduit-il ?

Nous avons développé plusieurs initiatives structurantes, dont le Nauti Campus, campus des métiers et des qualifications d'excellence qui constitue un réseau d’établissements, de centres de formation, de laboratoires de recherche et d’acteurs économiques. Ce réseau favorise l'information de nos élèves sur les métiers et les formations, promeut l’innovation et l’adaptation des formations aux évolutions du secteur.

Nous avons donc à travers ce Nauti Campus, un campus des métiers et qualifications dédié au nautisme, qui fédère plusieurs lycées en lien direct avec la mer, comme ceux de Canet-en-Roussillon, Sète, Nîmes ou Béziers. Ces établissements proposent des formations du CAP au Bac pro, voire au post-bac, et la demande est forte. Cela représente 176 places : 146 en Bac pro et 30 en CAP.

Grâce à cette dynamique, nous avons pu ouvrir de nouvelles formations adaptées aux besoins du secteur, comme la formation en menuiserie et agencement nautique au lycée Alfred Sauvy à Villelongue-dels-Monts dans les Pyrénées-Orientales.

Enfin, l’industrie nautique étant en plein essor en Occitanie, nous travaillons en lien étroit avec les entreprises innovantes du secteur, notamment sur des nouvelles techniques de construction écoresponsables.

L’Académie de la Mer permettra de rapprocher les institutions publiques des entreprises. Vous vouliez également labelliser des projets mais en quoi cela consiste ?

L’idée est de donner de la visibilité aux projets portés par les établissements scolaires, les associations ou les entreprises pour leurs projets en partenariat avec nous et nos missions d'éducation et de formation.

Ce label distingue trois niveaux d’engagement et permet de reconnaître les actions éducatives, de formation, d'éducation au développement durable, culturelles et sportives liées à la mer.

Nous voulons aussi essaimer cette initiative en exportant ce label : d’autres académies pourraient s’en emparer, et j’ai déjà pris contact avec des collègues pour leur proposer d’adopter cette démarche.

Quels sont les prochains défis ?

Nous voulons renforcer le lien avec l’Enseignement supérieur et la Recherche, notamment avec des centres océanographiques comme celui de Banyuls sur-mer, qui travaille déjà avec les scolaires.

Autre enjeu majeur : la formation aux métiers de l’éolien en mer, un secteur d’avenir. Nous avons répondu à un appel à projets France 2030 pour structurer l’offre de formation et anticiper les besoins en compétences.

Nous souhaitons également ouvrir davantage l’Académie de la mer au grand public, pour que la culture maritime devienne un véritable marqueur régional.

Enfin, si l’Année de la mer a donné un coup d’accélérateur à cette dynamique, l’Académie de la mer ne s’arrêtera pas là. Les enjeux environnementaux, économiques et éducatifs sont trop importants : réduction de la pollution des océans, préservation de la biodiversité, développement de l’emploi, etc. Autant de défis qui nécessitent une action sur le long terme.

L’ambition est claire : inscrire durablement la mer comme un axe fort de l’éducation et de la formation, en construisant des partenariats solides et une offre de formation adaptée aux besoins de demain.

Sophie Béjean 

Rectrice de la région académique Occitanie, Rectrice de l'académie de Montpellier et Chancelière des universités.

Mise à jour : février 2025